15.11.08

"STESK"

« L'épopée du retour appartient-elle toujours à notre époque?"
(pg 58 "L’ignorance" de Milan Kundera)


Quand je lis cela, mon intuition devient meilleure, non précisément pour construire des réponses; mais pour donner une continuité à mon travail.

C’est en lisant "L’ignorance" que j'ai trouvé le titre de cette exposition, étrange esquive, peut-être, mais approprié au sentiment d’"altérité" : "Stesk".

Je cite : "En grec," retour " se dit nostos. Algos signifie " souffrance ". La nostalgie est donc la souffrance causée par le désir inaccompli de revenir."

"Les Tchèques, en plus du mot " nostalgie ", d’origine grecque, ont pour la même notion, leur propre substantif : stesk, et leur propre verbe ..."

"en espagnol, añoranza provient du verbe añorar, qui provient à son tour du catalan enyorar dérivé du verbe latin ignorare (ignorer, ne pas savoir quelque chose). À la lumière de cette étymologie, la nostalgie se révèle à nous comme la douleur de l'ignorance. Tu es loin, et je ne sais pas ce qu’il advient de toi. Mon pays reste loin, et je ne sais pas ce qui lui arrive. Des langues ont une difficulté avec cette notion : les Français peuvent seulement l'exprimer au moyen du mot d'origine grecque (nostalgie) et ils n'ont pas de verbe; ils peuvent dire : je m'ennuie de toi, mais cette expression est faible, froide, en tout cas trop légère pour un si grave sentiment. "
(pgs. 11,12,13)

Comme étrangère vivant en France, cette lecture produit un écho en moi et résume en grande partie un sentiment profond où je puise ma force. Il s’installe une nostalgie immense, (nostos - algos), et je réclame ses "restes d'un éden", comme Diana Bellessi (poète argentine) dans son poème, ce sud - sud, cette situation limite, des horizons éternels et de silences immenses, absents de la vieille Europe.
Par moments très perdue, et très à vif, je vagabonde et je me retrouve, pour revenir à me perdre plusieurs fois.
Ainsi le regard se renouvelle aussi, les coutumes et les lieux communs s’ébranlent.

La distance avec le pays de l'enfance octroie, malgré tout, une certaine lucidité. La réflexion et la création à partir de ce lieu parfois diffus et incertain de l’"étranger"; peuvent finalement déboucher sur un terrain fertile.

Je flirtais avec ce sentiment sans en être très conscient, après avoir recouru à la figure du chien plusieurs fois, aux chaussures, à ces promenades errantes comme sans destination fixe, ni lieu ni appartenance; à cette interaction des présences et d'absences qui marquent des vides et des souvenirs : une añoranza latente, finalement.


Daniela Montecinos
« Stesk », Nîmes, septembre 2008



«Pertence aún a nuestra época la epopeya del regreso ? » (pg 58 « La Ignorancia » de Milan Kundera)

Cuando leo eso, es ahí, en donde mis intuiciones toman mejor forma, no precisamente para construír respuestas ; sino para darle continuidad a mi trabajo.
Fue leyendo « La Ignorancia » que encontré el título, esquivo, extraño quizá, pero adecuado al sentimiento de « otredad » : « Stesk » .

Cito : « En griego, « regreso » se dice nostos. Algos significa « sufrimiento ». La nostalgia es ,pues, el sufrimiento causado por el deseo incumplido de regresar. »
« Los checos, al lado de la palabra « nostalgia » tomada del griego, tienen para la misma noción su propio sustantivo : stesk, y su propio verbo... »
« en español, « añoranza « proviene del verbo « añorar », que proviene a su vez del catalán « enyorar », derivado del verbo latino ignorare (ignorar, no saber de algo). A la luz de esta etimología, la nostalgia se nos revela como el dolor de la ignorancia. Estás lejos, y no sé qué es de ti. Mi país queda lejos, y no sé qué ocurre en él. Algunas lenguas tienen alguna dificultad con la añoranza : los franceses sólo pueden expresarla mediante la palabra de orígen griego (nostalgie) y no tienen verbo ; pueden decir : je m’ennuie de toi (equivalente a « te echo de menos » o « en falta »), pero esta expresión es endeble, fría, en todo caso demasiado leve para un sentimiento tan grave. »

Como extranjera viviendo en Francia esta lectura encuentra eco y resume en gran parte un sentimiento profundo en donde encuentro mi motor. Se instala una nostalgia inmensa, (nostos - algo ), y reclamo esos « restos de un edén », como Diana Bellessi en su poema, ese sur-sur, esa situación límite, de horizontes eternos y de silencios inmensos, ausente en la vieja Europa.
A ratos muy perdida, y muy desnuda, vago y me encuentro, para volver a perderme una y otra vez. Así se renueva también la mirada, se sacuden la costumbres y los lugares comunes.

La distancia con el país de la infancia otorga, a pesar de todo, una cierta lucidez. La reflexión y la creación a partir de ese lugar a veces difuso e incierto del « extranjero « ; puede resultar, finalmente, en un terreno fértil.

Yo rozaba este sentimiento sin estar muy consciente, al recurrir a la figura del perro una y otra vez, a los zapatos, a estos paseos errantes como sin destino fijo, ni lugar ni pertenencia; a esa interacción de presencias y ausencias que marcan vacíos y recuerdos : una añoranza latente, finalmente.

Daniela Montecinos
« Stesk », Nîmes, septiembre 2008


No hay comentarios.: